Colloque international Le partage des émotions au Moyen Âge et à la Renaissance

        Depuis une trentaine d’années, les historiens, anthropologues et spécialistes des images refondent l’histoire des sensibilités en s’attachant à celle des émotions. En 1990, dans un ouvrage fondateur, La Raison des gestes dans l’Occident médiéval, Jean-Claude Schmitt soulignait la prévalence des rites et des signes corporels dans l’expression des émotions. Actuellement, autour des médiévistes Damien Boquet et Piroska Nagy, fleurissent nombre d’événements et de publications consacrés à cette question. Pour leur part, les littéraires se sont surtout attachés à des émotions spécifiques et à leur appartenance à des genres propres. Toutefois, l’organisation en 2017 du colloque « Les Émotions au Moyen Âge : un objet littéraire », placé sous l’égide de la Société de Langue et Littérature médiévale, montre que le phénomène de l’émotion prend désormais une plus grande ampleur dans les travaux universitaires.

        L’ambition du colloque international « Le Partage des émotions au Moyen Âge et à la Renaissance » est d’ouvrir le dialogue interdisciplinaire. Il s’agit plus spécifiquement de prendre en considération l’émotion dans la mesure où elle dépasse l’expérience individuelle pour engager des interactions avec un groupe, voire une foule, dans la sphère publique. C’est cette dialectique de l’émotion, naviguant entre le for intérieur et la communauté, qui animera les différentes contributions.
Il semblerait qu’au Moyen Âge et à la Renaissance l’émotion soit rarement spontanée mais plutôt encadrée par un ensemble de codes et de rites – autant de manières de faire communauté – qu’il conviendra d’interroger dans leurs transpositions littéraires et artistiques.
La notion de partage suppose du commun et conditionne à ce titre la réception et la transformation des différentes émotions. Seront de la sorte mises en valeur l’historicité des émotions, la manière dont celles-ci – par exemple, la délectation, la vergogne, la componction et l’acédie – s’inscrivent pleinement dans une histoire sociale et culturelle.

        Le dialogue entre les littéraires (qu’ils s’attachent aux récits, au théâtre, aux textes lyriques, religieux, juridiques ou bien médicaux), les historiens de l’art, ceux des images, et les musicologues permettra de mettre en valeur le pouvoir performatif des différentes représentations émotionnelles. Il sera en ce sens pertinent de prendre en compte les différents supports et techniques aptes à propager les émotions.

 

Damien Boquet (Université d’Aix-Marseille)
Elisabeth Gaucher-Rémond (Nantes Université)
Isabelle His (Université de Poitiers)
Pierre-Yves Le Pogam (Musée du Louvre)
Bruno Méniel (Nantes Université)
Louise Millon-Hazo (Nantes Université)
Jean-Claude Schmitt (EHESS)
Ambre Vilain (Nantes Université)
 

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